Charles Emile Chalas, dit Milo pour ses cousines, dit Dadoune pour ses petits enfants
Fils d’Emile Triponé et de Reine Marie Chalas, il est né à Neuilly sur Seine, le 21 mai 1883 sous le nom de Charles Emile Triponé. L’un des témoins de la déclaration de naissance est son grand père maternel, Pierre Chalas, manufacturier à Valentigney. Pierre Chalas est le descendant d’une longue lignée de vignerons bourguignons originaires de Mancey et Bresse sur Grosne en Saône et Loire. Brillant diplômé des Arts et Métiers, il travaillera notamment pour la compagnie PLM et les forges de Leeds en Angleterre. A la naissance de son petit fils, Pierre Chalas travaille chez les frères Peugeot depuis le 1er juillet 1870. Il est entré dans la société comme ingénieur de toutes les usines et directeur des fabrications à Beaulieu. Simultanément, après le versement d’une mise de fonds de 200 000 F, il entra au conseil de gérance en qualité d’associé-gérant (Traité de société de 1870).
Charles Emile a 2 frères, Adolphe, né le 7 décembre 1876 et Pierre Chalas, né le 16 février 1890, mort pour la France le 27 juillet 1917, et une sœur, Jeanne Renée, née le 15 aôut 1880. Il fait sa scolarité au lycée Chaptal et sortira à 19 ans, en 1902, diplômé de l’école des Hautes Etudes Commerciale. Après l’affaire Triponé, un décret présidentiel de 1897 autorise les 3 enfants à changer de nom et à porter le nom de leur mère, Reine Chalas.
Aussitôt son diplôme en poche, à l’instigation de son père Emile Triponé, il embarque avec son frère Adolphe sur un cargo mixte en direction de la Nouvelle Calédonie avec comme consigne d’y découvrir des minerais.
Dadoune l’explorateur
La Nouvelle Calédonie marque une étape importante dans l’histoire de la famille. Cette île aperçue en 1774 par James Cook, qui lui donna son nom (New Calédonia) a vu l’arrivée de ses premiers colons (des missionnaires anglicans) en 1841. Après péripéties et tractations, la France en prend possession à partir de 1853. La Nouvelle-Calédonie comme l’Algérie deviendra une colonie de peuplement avec l’arrivée de métropolitains mais aussi des Allemands, des Italiens ou des Irlandais. Elle aura aussi été un lieu de déportation pour les communards.
Jules Garnier, géologue et chimiste, industriel est envoyé à Nouméa comme chef du service des mines de Nouvelle-Calédonie en 1863. Jusqu’en 1866 il va parcourir l’île, et y découvrir un nouveau minerai de nickel : la garniérite, nommé ainsi en son honneur par ses pairs. Sur ses traces, en 1906, Emile Chalas publiera à Paris dans le bulletin de propagande coloniale, un ouvrage intitulé « les richesses minières de la Nouvelle Calédonie. Il en existe encore un exemplaire à la Bibliothèque interuniversitaire de santé – PARIS-BIU Santé Pharmacie Paris CEDEX 06, 75270 France auprès de laquelle j’ai pu me procurer cette copie.
Arrivés en Nouvelle Calédonie, les deux frères constatent que l’essentiel du nickel a déjà été découvert, mais a force de ténacité, ils mettent à jour une petite mine oubliée. Mais surtout, ils découvrent le seul gisement de chrome de l’île.
Charles Emile a été directeur de sociétés minières en Nouvelle Calédonie. La mine de chrome la Thiébaghi et la société la Bienvenue pour le nickel. Il était également administrateur de la société Ouaco, spécialisée dans l’élevage et le café. C’est probablement au sein de cette société que son frère Adolphe, diplômé de chimie a développé une activité de recherche sur la conservation de la viande et du café et a déposé de nombreux brevets. La chronique familiale raconte qu’à cette période, son frère Adolphe avait « épousé » à la mode coutumière une Kanak. Son père, Emile Triponé, a fait le déplacement pour arranger une séparation « à l’amiable ».
De là, les deux frères partent pour Madagascar, ou ils développent de très importantes cultures de riz, de café, de sisal au sein de la « Compagnie industrielle et agricole de Madagascar ». Cette société anonyme a été fondée en juin 1920. L’annuaire des entreprises coloniales de Madagascar et de Djibouti nous donne les renseignements assez précis sur son champ d’activité. Cette compagnie s’occupait de rizeries à Marovoay, des domaines agricoles des «Grandes Garnières» (8.633 hect.), d’Antanimasaka (5.400 hect.), du lac Katondro (5.500 hect.), et de la Montagne d’Ambre (4.700 hect.) La société cultive aussi le sisal (2.000 ha), Ie tabac (400 ha. à Mangabé), 2 usines de traitement du sisal à Diégo-Suarez (300 CV) et une à Marovoay. Domaine d’élevage à Mangabé [près Maevatanana]. Oléagineux à Ankoakabo. — Cette société verra ses activités s’étendre à la culture du riz en Camargue et au Maroc. En 1956, Dadoune est remplacé au conseil d’administration de cette compagnie par son fils Marcel. Extrait de l’annuaire : « Émile Chalas rempl. par son fils Marcel en 1956 : gérant sté minière La Tiébaghi en Nouvelle-Calédonie (prod. interrompue en 1954), adm. Sté minière La Bienvenue+CAIM »
Dadoune aux armées
Dadoune est toujours en mission d’exploration « familiale » le jour de son recensement militaire. C’est pourquoi il sera pointé comme « bon absent dispensé» au recensement en 1903. En effet, il résidait à cette date à Nouméa ou il effectuait des recherches sur les potentiels en nickel de l’île.
Il est incorporé au 1er régiment d’artillerie coloniale le 1er juin 1905 au grade de 2ème classe canonnier servant tireur, ou il effectuera ses classes et son service jusqu’en mars 1906. Le 1er RAC a pour origine les compagnies franches, créées par Richelieu en 1622, chargées du service en mer et qui comprennent des bombardiers. Ils seront regroupés en 1692 dans le corps d’artillerie de marine, ancêtre du 1er RAMA qui deviendra 1er régiment d’artillerie coloniale à partir de 1900. Ce régiment avait notamment pris part à la conquête de Madagascar en 1895.
De là, Dadoune repart à Nouméa et il intègre la réserve en juin 1908 au bataillon d’infanterie coloniale de la Nouvelle Calédonie.
Il continue son périple exploratoire, et il épousera Valentine Roquemaure à Tananarive le 2 novembre 1912. De retour en métropole en avril 1913, il est alors affecté, comme réserviste au 2ème régiment d’artillerie coloniale, stationné à Cherbourg, puis au 3ème régiment d’artillerie coloniale stationné à Charenton. Il se présentera à l’appel de la mobilisation générale le 3 août 1914, ou il sera réformé pour problème hépatique.
Malgré cela, il fait une deuxième tentative, sans succès, auprès de la commission de réforme du consulat de Londres en 1915. Ses parents Emile et Reine Chalas habitent alors à Londres. Mais désireux de servir pendant le conflit, son jeune frère Pierre est conducteur d’engin au service automobile du 13ème régiment d’artillerie lourde tractée, il obtient de se faire engager à la 22 ème section des Commis et Ouvriers d’Administration et sera affecté à la commission internationale du ravitaillement comme chef de la comptabilité matière et comme sous- directeur de la société Aérators. Cette firme qui fabriquait des cartouches d’eau gazeuse a été reconvertie à la fabrication de munitions durant la période 14-18. Il s’y fabriquait la balle Lebel de 8 mm dont la production était de 1,5 millions d’unité par semaine de 1915 à 1917.
» La Commission Internationale de Ravitaillement (Commission internationale pour l’achat de fournitures) a été créée en Août 1914, à la suite d’un accord entre le gouvernement français et le gouvernement anglais. Son objectif étant de coordonner l’achat de vivres, des munitions de guerre, et de matériel militaire et naval par les deux Gouvernements. Il fallait éviter une concurrence dommageable sur les mêmes marchés et une inflation conséquente des prix. Cette commission plaçait le gouvernement français en communication avec les entreprises qui sont capables de réaliser des commandes de manière satisfaisante et à un prix raisonnable, et de répartir les commandes de manière à répartir l’emploi, et donc accélérer la livraison. Le champ d’application de la Commission a ensuite été étendu pour couvrir les achats effectués pour le compte des autres gouvernements alliés. La Commission est composée de délégués de ces gouvernements et de représentants de l’Amirauté, ministère de la Guerre, ministère des Affaires étrangères, Chambre de commerce et le Conseil de l’Agriculture. »A SUIVRE …
1922 – chevalier
1952 – commandeur